J'étais bien avec son papa, dans la trentaine et donc, avec l'envie ou pour être plus honnête dans la culture inconsciente de fonder une famille….
Sans imaginer une seule seconde tout ce que cela impliquait : les responsabilités à endosser…
Et… mon entreprise en était à ses balbutiements… J'avais le statut d'artiste, je créais plis ploc, je vendais au compte-goutte à des petites ventes de créateurs… Tout était à construire…
Je suis tombé assez rapidement enceinte, pleine de joie et d'excitation, avec les hormones en feux aussi. J'ai super bien vécu ma grossesse. Je me sentais belle, épanouie, juste vite fatiguée, parfois irascible et en manque de Mojitos ;)
Je me souviens avoir déjeuner avec un ami (déjà papa) qui a essayé de me mettre en garde quand il s'est rendu compte que je ne comptais pas changer d'un iota ma façon de vivre, surtout au niveau professionnel...
J'ai travaillé jusqu'au tout dernier jour, j'ai réuni Maxi cosy et autres joyeusetés qu'à 3 semaines de mon accouchement, la chambre n'était pas prête et moi non plus d'ailleurs !
Mon accouchement a été très long et très pénible. J'ai vraiment cru mourir. Mais je vous épargne ce long récit !
Puis, Eliott est arrivé, tout mignon, tout fragile, tout doux, magnifique, mon fils ! J'étais en chambre commune car je n'avais pas anticipé l'assurance qui m'aurait permis d'avoir une chambre à moi (quand je vous disais que j'étais pas prête ! :))
Je la partageais avec une femme qui allumait les lumières intempestives en pleine nuit et une fatigue extrême s'est vite installée. Je me sentais désemparée devant ce petit bout de chou qui pleurait, demandait l'attention H presque 24 ans, exténuée, désemparée de mon nouveau rôle de maman.
Quand j'ai éclaté en sanglots, une infirmière s'est exclamée : « Voilà la réalité ! On nous vend du rêve dans les magazines avec des femmes qui viennent d'accoucher, souriantes, manucurées, choucroutées et toutessa mais que nenni ! La réalité des jeunes mamans, c'est VOUS qui pleurez ! »
Les premières semaines ont succombé à un tsunami : Eliott pleurait beaucoup, ne voulait pas lâcher son garde-manger, alias mon sein (pas pratique pour dormir…), je ne savais pas si je devais le laisser pleurer ou le rassurer H 24, bref, j 'étais paumée.
En parallèle, le papa traversait une période professionnelle difficile et très stressante. Je ne me sentais donc pas spécialement épaulée. Ma maman, une fée avec les bébés et les enfants, habitait encore à 30 km de Bxl.
Bref, je n'avais personne qui puisse prendre le relais.
Ce qui devait arriver, 2 mois après l'accouchement, j'ai commencé à avoir de drôles de symptômes : des douleurs articulaires subites et intenses qui m'empêchaient même de porter Eliott.
J'ai dû faire une batterie de tests… scintigraphie, analyse des poumons et j'en passe : des noms de maladies horribles étaient sur le bout des lèvres des médecins…
Je me voyais passer l'arme à gauche, effondrée de laisser un bout de chou de 2 mois sans maman.
Heureusement, le diagnostic est tombé : Sarcoïdose : inflammation diffuse des organes : mes poumons étaient touchés.
Par miracle, j'ai fait la version fulgurante qui n'est jamais revenue parce que cette crasse peut s'installer dans son corps ad vitam aeternam.
Un de mes meilleurs amis m'a dit « ton inconscient parle : c'est trop pour toi ! Tu dois demander plus d'aide à ton entourage, te mettre moins la pression... ; tu n'arrives plus à porter Eliott toute seule à bout de bras dans tous les sens du terme… »
Au bout de quelques semaines, j'ai recouvré la santé.
Je pense que le fait qu'on ait mis un mot sur mes maux m'a aidé à me rétablir. Non, je n'étais pas folle...
Avec le recul, je pense qu'en bonne control freak que je suis, j'ai voulu tout gérer seule à la perfection et que j'ai été au-delà de mes limites…
Bref, c'est passé et j'ai commencé à profiter d'Eliott et de ma nouvelle vie de famille : balades au vert, lui faire découvrir les animaux dans des fermes, ses premiers pas, ses premières dents, nos premiers fous rires.
Je me sentais de plus en plus à l'aise avec ma maternité.
La suite ?
L'année prochaine !
Oui, parce qu'après Eliott, il y a eu son p'tit frère Loup !
Encore toute une sacrée (belle) aventure (en constant devenir) !
]]>Ceux et celles qui me connaissent un peu savent que j'ai été élevé chez les Témoins de Jéhovah où seule la mort du Christ est fêtée... Joie! Ni Noël, ni Nouvel An, ni anniversaires, ni fête des mères, des pères, ni et ni.... Que nenni.
Je confesse donc que beaucoup de mes Noëls ont été d'un lugubre parce qu'inexistants !
Ceux et celles qui me connaissent un peu savent que j'ai été élevé chez les Témoins de Jéhovah où seule la mort du Christ est fêtée... Joie! Ni Noël, ni Nouvel An, ni anniversaires, ni fête des mères, des pères, ni et ni.... Que nenni.
Je confesse donc que beaucoup de mes Noëls ont été d'un lugubre parce qu'inexistants !
Petite, je me sentais dans une abîme de mise à l'écart par rapport au reste du monde. Punie, de je ne savais pas quoi.
Plus grande, j'ai partagé je-ne-sais-combien de tablées de familles d'amies/petits amis qui m'accueillaient telle Rémye sans famille. Recevant paires de chaussettes et autres objets saugrenus et impersonnels.
L'une ou l'autre situation me fait me sentir mal et seule. Parce que sans ma famille de sang. Parce que sans référent de l'enfance de ce moment hors du temps sensé être magique mais qui ne m'évoquait rien de féérique, que de la frustration, de l'incompréhension, de l'isolement social...
Heureusement… Résilience est devenue ma meilleure amie grâce à mon travail en analyse lacanienne…
Et... l'arrivée de mes fils et la volonté que j'avais de leur faire découvrir une féérie dont on m'avait privée m'ont diffuséee pour redoubler d'ingéniosité et essayer de composer des souvenirs magiques pour eux, pour nous , sans qu'ils ne convoquent chez moi un seul souvenir.
Les avantages que j'en ai tirés, petite, au fur et à mesure des années étaient tout de même légions :
Et puis, je ne voyais pas l'avantage de dézinguer un pauf' sapin qui n'a rien demandé, de s'offrir des cadeaux à x€ maximum…, d'engraisser l'économie de surconsommation.
Ceci dit, je ne me joue pas du tout austère aujourd'hui !
Pour mes fils, j'ai décidé de prendre le pli ; j'ai réussi à les faire mousser les nuits du 24 décembre sans que ça n'évoque un pet de souvenir en moi,(si ce n'est mon père qui s'excite et me menace quand je me prospères devant un feu d' artifice au Nouvel An ; mais bon, toutes ces anecdotes, j'ai le sentiment que vous préférez que je les taise pour maintenir un ton léger ; je m'exécute donc docilement), je les ai émerveillés avec des décos féériques décalées, je me suis extirpée de Bruxelles seule pour aller festoyer gaiement à Berlin pour ma créativité et je me surprends même aujourd'hui à être surexcitée à l'idée des pléthores de cadeaux qui me viennent à l'esprit en pensant à mes proches et à l'émotion déstabilisante qu'il va peut-être produire en eux.
Bref, Noël a toujours été un moment délicat de mon existence mais je suis fière d'avoir réussi à le sublimer à ma sauce.
Toi aussi tu as des Noëls particuliers à partager avec moi ? Dépose tes expériences les plus féériques, saugrenues, drôles, interpellantes en commentant cet article ! Ca me fera vraiment plaisir de te lire à mon tour !
Bonne digestion...
Mais surtout, JOYEUX NOEL A VOUS TOUS ET TOUTES QUI ME LISEZ !
Natacha
Si vous vous demandez quels vêtements et quelle marque Julie Morelle portait au JT de la RTBF1 depuis des années et dans sa nouvelle émission Déclic, vous voilà bien informés maintenant :)
Julie Morelle préfère les créations de ma collection et mes vêtements depuis des années. Julie Morelle a donc choisi de collaborer avec Natacha Cadonici pour son stylisme !
La belle Julie Morelle en Natacha Cadonici en +- 2017...
« Comment elle a encore réussi, cette petite renarde futée de Cadonici, pour contacter cette star de l'actualité, Julie Morelle, cette journaliste hors paire, cette femme sublime et à la séduire avec ses créations » vous proposez-vous hein ?!….
Laissez-moi vous contre l'histoire…
En 1996, après des études de 3 ans comme Assistante de Direction et un poste de secrétaire soporifique dans une boîte semi-privée, semi-publique, je décide de faire un deuxième Master à l'université Libre de Bruxelles (ULB) en Philologie romanes .
J'aime la littérature, les mots, les langues étrangères, j'ai des facilités pour les apprendre, j'aime la poésie, j'aime écrire et ma mère est un professeur de français redoutable : engagé, pédagogue comme personne, passionnée.
Bref, je me dis : suivons plutôt les sillons de ma maman pour devenir prof ou tout autre métier dans l'écriture, l'édition plutôt que de faire les mêmes études qu'une de mes congénères que j'admirais beaucoup chez les Témoins de Jéhovah : Anne-Marie…. Mais ça, c'est une autre histoire.
Je décide donc de m'inscrire à l'unif, je commence à suivre les cours avec passion, avidité et exultation. ET… et c'est là que ça devient intéressant : je copine méchamment avec Florence, ma Flo d'amour.
Flo...
Une complicité hors norme et incandescente s'installe entre Flo et moi: on rit comme des bécasses, on étudie ensemble, on est tout le temps fourré l'une chez l'autre dans nos kots respectifs à dormir l'une chez l'autre , étudiez l'étymologie, le latin, la littérature. On se soutient au niveau scolaire mais surtout moralement avec nos zygomatiques en feu.
Flo et moi dans mon pas...
Et… et c'est là que ça devient croustillant : il se fait que Flo me présente sa meilleure amie, une certaine Julie…
LAJulie Morelle. Celle qui, de 1996 à 2000, étudie le journalisme à l'ULB.
Au début, j'avoue que j'étais fortement jalouse de Julie : non seulement, elle me volait la première place dans le cœur de Flo mais par-dessus le marché, elle est belle, élégante, redoutablement intelligente, cultivée et engagée dans ce monde. Tout pour agacer la femme relativement complexe que j'étais et qui sortait des Témoins de Jéhovah et avait du mal à regarder l'actualité politique, économique, mondiale sans avoir des sueurs froides qui me rappelaient qu'Harmaguédon, la guerre imminente de Dieu, allait arriver.
Et puis, j'apprends à la connaître, on sympathise, elle rit de mes vannes, de mes conneries. Je la fais rire. Waouh !
On part au ski avec une bande de potes et devient on potes. On ne sera jamais de très grandes amies car Flo est quand même au milieu de nous deux dans ma tête et je suis en compétition avec Julie pour lui voler le trophée : Flo !
J'arrive à lui « piquer » (à mes yeux) Flo rien que pour moi pendant quelques moi lors de notre Erasmus commun à Rome. On s'éclate, rien qu'à deux. On se kiffe grave !
Flo et moi à Rome en remake de "La Dolce Vita"
Les années filent, on monte nos carrières, nos familles et Flo reste une très grande amie qui m'est très très chère. Je continue à la fréquenter assidument. Je suis demoiselle d'honneur à son mariage. Et par la même occasion, je côtoie régulièrement Julie tout au long des années suivantes : à des fêtes, des annifs, des mariages, des brulages de culotte. J'ai bien sûr suivi de près sa carrière brillante de journaliste, ses engagements et ses centres d'intérêt avec admiration et plus une fois d'envie.
Quand je commence à créer, je me dis « pourquoi pas sur Julie Morelle ?… »
Julie Morelle et Natacha Cadonici au JT de la RTBF1 en +- 2014
Julie Morelle vient régulièrement à la boutique se choisir ses tenues chez moi car elle aime mon style, mon stylisme, mes coupes qui lui vont si bien et qui passent si bien à l'écran.
Et je suis donc devenue, en partie, la styliste attitrée de Julie Morelle qui porte mes vêtements, mes créations, mes tops, mes robes avec une élégance inégalable. Elle a même craqué pour la robe Anna bleu marine/orange fluo qu'elle souhaite m'acheter. Bref, j'arrête de faire le paon, j'ai les futurs vêtements de Julie Morelle à dessiner moi…
Ju et moi...
Si vous connaissez, de votre côté, des femmes inspirantes qui pourraient être les ambassadrices de ma marque de mes valeurs et des leur, dites-moi, je suis preneuse !
La bise, Natacha heureuse
]]> Cependant, enfant , hormis le Sacred Ban, cela ne m'empêchait pas de me concocter des surprises qui m'excitaient :
Faire briller la salle de bain pendant (ce qui m'a semblé être) des heures... Et être déçue qu'elle ne soit pas plus excitée par mon travail. "C'est gentil, chérie, mais je suis fatiguée. Je vais me coucher". Renifler.
Réunir mes petites économies pour lui offrir une boîte à bijoux vélo rose que je trouvais trop jolie. J'ai tapé dans le mille... Oui !
Obstinément à acheter son maquillage alors qu'elle ne l'a jamais porté. Elle avait un rapport très particulier avec sa féminité : elle était très belle mais pas du tout séductrice. Zéro maquillage, pas de parfum, juste quelques belles robes et une âme à tomber comme son plus bel atout.
Mais je voulais qu'elle se maquille. Elle m'a dit que "non, je suis allergique".
Mais moi... il m'en fallait plus pour me décourager ; Je suis têtu...
Alors, encore une fois, j'ai pris mes petites économies et je suis allé à la pharmacie du coin pour lui acheter un rouge à lèvres hypoallergénique. Elle n'aurait plus d'excuses.
Quelle déception de découvrir que même celui-là qu'elle ne portait pas. Ou mon vernis à ongles d'ailleurs.
Les seules choses rouges qu'elle portait, en de très rares occasions, étaient ses talons vernis sur lesquels je bavais secrètement dans son placard. Ils étaient ouverts et auraient pu montrer ce fameux vernis à ongles. Mais peu importe.
À l' adolescence , les choses se corsent.
Oui, elle et moi étions loin d'être ravis.
Je devais dire que j'étais très en colère contre elle pour avoir impliqué mes frères et moi dans cette secte qui a brisé plus d'une de nos ailes.
De nous avoir donné des repères insuffisants pour avoir les clés de ce monde.
Et probablement inconsciemment, pour ne pas être une femme épanouie.
Plus:
Elle est calme et pondérée. Je suis impulsif et spontané.
Elle est raisonnable et réfléchie. Je suis un fonceur et une tête brûlée.
Elle est...
Et je suis...
Nous sommes...
Très différent.
Bref, adolescente, je ne sais pas comment elle a réussi à me supporter ! Outre nos différences de tempérament, ma grogne contre son éducation stricte et rébarbative, j'étais, comme beaucoup d'adolescents, hautain, prétentieux, dédaigneux et je ne manquais jamais une occasion de lui cracher mon mépris.
Sa plus grande arme était le calme olympien qu'elle affichait face à mes sarcasmes et à mes coups.
Ce n'est que lorsque je suis devenue mère moi-même que j'ai pu fumer le calumet de la paix .
C'est vrai : quand mon fils premier-né est arrivé, je suis tombé de mon piédestal.
J'ai vite réalisé que moi aussi je faisais 1 000 erreurs en tant que maman. Que je n'étais pas insubmersible.
Que ce n'est pas si simple de s'inventer en tant que mère.
Que malgré tous nos efforts pour faire du mieux que nous pouvons, nous sommes tous rattrapés, plus ou moins, par notre humanité trop humaine, nos fragilités, nos "imperfections", nos peurs.
C'est à ce moment-là que j'ai réalisé à quel point ma mère devait faire face à sa propre histoire chaotique et que, eh bien, elle a fait du bon travail avec nous! La gourmandise est née...
Depuis, un véritable cercle vertueux s'est développé entre nous.
L'eau a coulé sous nos ponts fissurés.
Le temps magistral a réparé nos blessures.
Elle m'a confié que sa jeunesse et sa vie de femme lui avaient manqué. « Il est hors de question que je rate ma vie de femme mûre !
Nous poursuivons donc chacun nos routes respectives dans un respect mutuel et nous nous retrouvons avec délice à notre petit carrefour.
J'aime la grand-mère qu'elle est : disponible, drôle, pleine d'esprit, pédagogue, douce mais ferme, structurante. Avec elle, les pires leçons de grammaire deviennent de vrais jeux d'enfants, promenades, leçons de vie, jeux de société, rires.
Et j'aime la maman qu'elle est, surtout depuis qu'elle s'est réconciliée avec elle-même. La voir s'épanouir, heureuse, joyeuse, est son plus beau cadeau pour moi et ce qui me porte le plus.
Finis les dialogues au vitriol des sourds.
Je ne peux que voir la beauté de cette femme que je chéris tant. Ses valeurs et sa singularité m'inspirent au quotidien : elle est généreuse, bienveillante, drôle, piquante, modeste, raisonnable, cultivée sans en faire tout un plat. Sa colère est froide et élégante. Et elle sait choisir des silences qui parlent beaucoup plus fort que 1 000 mots.
Ce samedi 9 mai, c'est son anniversaire.
Ce dimanche 10 mai, sa fête.
Et comme chaque année, je la fêterai en dehors de ces dates.
Parce que ma mère est comme ma propre Alice au pays des merveilles : j'ai 364 jours pour lui souhaiter "Joyeux non-anniversaire".
Je suis toujours défoncé.
La Chine panique. La Chine est loin... Ce n'est pas nous la Chine.
Ego.
Le Monde commence à trembler. Nous sommes le monde. Mais ce minuscule virus est inoffensif : les seuls cas de décès sont des personnes très âgées ou des personnes ayant de graves problèmes de santé. C'est horrible, bien sûr, mais nous sommes encore loin d'une pandémie dangereuse pour le plus commun des mortels. Pas de stress.
L'Europe commence à s'interroger.
Déni : c'est juste une mauvaise grippe... Quel flan pour une si petite bestiole...
Je vais à Paris . Voyage d'affaires. Direction Première Vision. Ma mission? Trouvez de nouveaux tissus. Travailler avant tout. L'économie. Mon entreprise. Mes problèmes. Mais pourquoi en parle-t-on autant ?! Moi, moi et moi.
Je regarde d'un œil lointain l'évolution de l'actualité concernant ce jeune homme, Monsieur Covid, qui me semble encore un garçon blanc inoffensif.
Dans mon état insouciant/inconscient, j'en profite pour visiter la Ville Lumière et me détendre. Je suis encore à des années-lumière de la Météorite qui s'abat sur nous à grande vitesse pour détruire nos vies, nos croyances et mon Ego.
Je continue avec Rome . C'est l'heure du mariage de Michel et Emanuela. Je suis le témoin de Michel. Je suis très heureux.
C'est maintenant l'heure du shooting de la nouvelle collection avec Anna ; J'ai travaillé si dur, investi tellement de temps et d'argent sur cette nouvelle collection. Je ne lâche rien.
Mais d'abord, se promener à nouveau dans cette ville que j'aime tant où j'ai passé un an et demi en Erasmus il y a 20 ans. il y a 20 ans.
Oops. L'épidémie prend de l'ampleur dans la botte.
Autruche. Autruche. Autruche.
Je suis même surpris qu'Anna envisage de ne pas me rejoindre et d'annuler son voyage en Italie pour shooter la nouvelle collection...
"Je veux dire, nous sommes plus susceptibles de mourir d'une mauvaise grippe que de cette petite chose!". Néanmoins, Anna et moi sommes d'accord que si le virus descend dans le coffre, nous écourterons notre séjour initialement prévu de 10 jours.
Si ça la fait se sentir mieux...
Rire. Éclair. Éclair. Bla, bla, bla. Comme d'habitude. Mais il y a quand même quelque chose qui flotte dans l'air, qui nous trotte dans la tête, qui commence à ronger notre moral et petit à petit, notre insouciance.
Mais non! Hahahahah.
Je me moque des asiatiques qui portent un masque....
Et intérieurement Anna se frottant frénétiquement les mains avec son gel hydro-alcoolique...
Je me moque et me moque.
Covid se répand comme une traînée de poudre.
"Les nouvelles sont mauvaises, peu importe d'où elles viennent."
Anna décide de lever le camp et d'avancer son retour initialement prévu du jeudi 5-3 au samedi 29-2. Je parviens à racler une autre journée le samedi jusqu'au soir pour atteindre nos objectifs. Je la quitte, le coeur serré.
De mon côté, j'hésite et finis par capituler, plus par peur de m'ennuyer seul à Rome (j'y flâne déjà depuis 10 jours) que par peur de cet idiot de C...
J'atterris à Bxl. Je me sens plus en sécurité... Illusion, quand tu nous tiens.
Je lance la nouvelle collection avec un mail qui se veut léger :
"Eh bien... ce ne sont pas "quelques" gouttes de pluie & autres "joies" qui vont nous empêcher de rêver aux beaux jours...
Afin de m'y préparer, je suis très heureuse de vous dévoiler mes dernières nouveautés. "Je t'ai écrit...
Intérieurement, je commence à m'inquiéter de l'ampleur de cette "chose"... Mais mes craintes ne concernent pas encore la santé. Je n'en suis pas encore au point de déni total. Premiers frissons.
J'essaie de garder mon paquebot boutique sur la bonne voie comme si de rien n'était. Mais les rues désertes du Centre sont un excellent marqueur de la montée de Tension et m'en font prendre la mesure bien plus que FB lui-même. Je commence à osciller entre la peur et l'autruche.
Même mes meilleurs clients, qui assistent au lancement Gong de la nouvelle collection, ne sont pas là. L'heure est grave. La nouvelle collection commence à me passer par dessus la tête.
Seul dans le magasin, j'entre désormais dans la phase de panique : je fais défiler compulsivement mon écran pour glaner des informations sur ce Covid-19. F***! Condamner! Merde. Ça pue. Mais maintenant, ça commence à puer.
Quelques clients sont quand même passés. Ça fait du bien. Sommes-nous inconscients ou non ?!
Le gouvernement annonce les premières mesures de confinement.
Plus je déroule FB pour me « rassurer », plus l'angoisse monte. Non, ce n'est pas une petite merde. C'est désormais officiel : Mrs Fear s'installe dans ma vie. Dans nos vies. Ça tue. Même chez nous... Le franc baisse.
J'envoie un nouveau mail à mes clients : le magasin sera fermé en semaine ; samedi, je serai juste à l'atelier. J'y crois encore. Un petit peu. Je t'embrasse (de loin !)...
11h00. Bruxelles ressemble à la mort.
Des policiers viennent vérifier que je respecte les consignes : oui, oui, le magasin est fermé. Je profite du calme pour ranger, nettoyer, m'occuper des choses... Parce que je sais qu'à la maison, je vais me débrouiller toute seule comme une grande fille sur les écrans. Et ça ne me fait jamais de bien. Ce n'est jamais le cas.
14h00. Qu'est-ce que je fous là?
16h30 : 2 heures avant ma clôture officielle de ma vie d'avant, je décide de plier bagages. Je n'appartiens plus ici.
FB. FB. FB.
Instagram. Instagram. Instagram.
Le Monde. Le Monde. Le Monde.
Je le redoutais. Je le vis dans ma chair maintenant. Confinés à la maison, mes écrans sont mes pires ennemis. Ils me rongent et me stressent.
La tension monte d'un cran. Va-t-on vers un confinement à l'italienne ? Mais qu'allons-nous devenir ?
En guise de petit déjeuner, j'avale la nouvelle indigeste. Nausée.
Faire défiler.
Et pour couronner le tout, la Belgique manque de masques...
Masques.
Tissus.
Mon œil commence à n'être attiré que par les nouvelles à leur sujet. Les gros titres sont plus racés les uns que les autres : pénurie, Maggie débloque, arnaque chez les Turcs, pertinence des masques non officiels qui ne répondent pas aux normes : artifice ou Arte-fait ?
Je ne vais pas coudre des masques partout ! Je ne couds plus depuis des années, sauf pour mes prototypes... Je n'ai même pas de machine à coudre à la maison...
Eh bien, mes amis stylistes ont commencé : Ben. Aude aussi. Vanessa maintenant... Ils ont même créé un groupe FB : #sewfreemasks
Mais quel modèle ? Quels matériaux ?
GO, ils ont raison en fait : c'est la seule chose à faire ! Pas une minute à perdre ! Je vais glaner des informations pratiques sous tous les angles.
C'est ma seule véritable issue pour le moment : l'opportunité de garder mes mains et mon esprit occupés avec autre chose que les plans catastrophiques qui se construisent dans ma tête. Je dois agir. Pour moi. Et pour les autres.
20h00. Le couteau tombe. Le gouvernement annonce LE confinement tant attendu et redouté. Demain, à midi, la Belgique serre le frein à main. Et les magasins de tissus seront fermés...
Je suis seule à la maison avec Loup, 9 ans et Eliott, 12 ans. Il me reste très peu de temps pour rassembler ce dont j'ai besoin. Je fais un inventaire mental express de ce qui me sera utile au magasin et de ce que je dois acheter et où.
En 10 secondes, mon plan est fixé : demain matin, je les laisserai seuls à la maison avec des instructions saugrenues et je partirai en grand tour. Eliott est assez vieux pour gérer quelques heures seul avec Loup et il a un téléphone et les voisins en cas de rebondissement.
22h00 : "Bonjour, Allisson, avez-vous du polyester à vendre en grande quantité ?" Allisson a monté sa société, elle vend les tissus de fin de série de tous les créateurs belges et maintenant français.
Des milliers de mètres et mercerie.
Une véritable caverne d'Alibaba.
"Oui, oui, bien sûr, je les donne. Je viens d'être en contact avec le groupe FB d'Aude (de Wolf) : #sewfreemasks".
Ah ouais, super groupe : pour mettre en contact les couturières et les demandes urgentes de masques et pour fournir les oubliés : ceux qui sont aux premières loges mais que le Gouvernement ne pense pas encore à protéger. Déjà ceux qui sont en première ligne, c'est pas triste... Sans-papiers, sages-femmes, infirmières à domicile, foyers... "Ok, à demain ! Bisous."
Je respire déjà mieux, loin des écrans, près du cœur des gens. Je vais faire quelque chose d'utile. Donner mon temps aux personnes qui en ont besoin. Quoi qu'il en soit, ce temps sera mieux dépensé là-bas que dans l'angoisse numérique ou la futilité de créer la prochaine collection. Je ne suis pas d'humeur pour ça.
8h00. Je me précipite pour récupérer tissus, élastiques & machines à coudre avant que tous mes fournisseurs ne ferment à 12h00. La course contre la montre commence.
1er arrêt : magasin : tout est plié dans le coffre en 20 minutes.
Prochain arrêt : Berger : Polyester. Plus d'élastiques ? Allons à Leduc.
Merde, les élastiques de Leduc ne semblent pas adéquats.
J'achète quand même 100 mètres, c'est mieux que rien. Je sais que nous aurons besoin de ces masques...
"Bonjour, Monsieur Assabban ?! ... Oui ?! Vous êtes mon sauveur ! Waze me dit que j'arrive dans 22 minutes. Merci de ne pas fermer le magasin !".
Devant moi, une femme ramasse les 1200 mètres d'élastiques que je convoitais. "C'est pour qui?" "C'est confidentiel." Ambiance... Nous apprenons à nous connaître. Nous échangeons. On se confie l'un à l'autre. Nous nous lions.
Je ne le sais pas encore mais ces nouveaux liens constitueront mes nouveaux poumons salutaires des prochaines semaines.
14h00. Six heures plus tard, je suis de retour à la maison avec mon butin. Mes fils ont bien travaillé. Aucun argument. Fier et fier.
D'ailleurs, mon cœur était triste de voir les files d'attente hallucinantes sur les trottoirs des supermarchés, dignes d'un siège... On bascule là dans un autre monde. Et le siège va être long.
Vous êtes-vous retrouvé dans mon histoire ?
Avez-vous également vécu des montagnes russes émotionnelles, organisationnelles et x-she ?
Avant de vous raconter la suite, je vous invite à prendre la Plume et à commenter cet article. Cela me procurera beaucoup de joie. Et en ces temps, ça ne se refuse pas !
Lisez cet article .
Nous sommes d'accord, ce n'est PAS un dispositif médical. Et bien sûr, vous devez respecter les normes d'hygiène : lavage régulier des mains, éloignement, etc. Mais si vous avez du temps pour les autres, ils peuvent aider tant de personnes et ils vous le rendront de 1000 façons. Je suis toujours étonné. Si vous n'avez que du temps pour vous et votre famille, c'est très bien. Venons-en au coeur du sujet :
Après avoir beaucoup lu sur la question, peu importe le modèle, du moment qu'il couvre bien le visage et qu'on peut y glisser un filtre (facultatif) : lire l'article de Couture et Paillette : c'est long, très long.. . mais complet, technique et accessible au plus commun.
C'est important! À cet égard, j'ai d'abord lu l'article précité de Couture et Paillette. J'ai également demandé à un médecin spécialiste des maladies infectieuses, à des infirmières de la santé publique, etc.
Au final, j'ai opté pour du 100% polyester : c'est la matière qui semble être la meilleure barrière à ce "Co-co".
Son côté peu agréable et confortable sur la peau ne me dérange pas : je le porte rarement puisque je sors rarement... Élémentaire mon cher Watson.
Si en revanche, vous devez l'utiliser toute la journée, suivez les conseils "matière" de Couture et Paillette (plutôt coton ou coton-polyester) : ils sont pleins de bon sens, alliés à des informations scientifiques validées par les plus grands organismes de santé les autorités.
Plus facile que ça, tu meurs. Tu coupes:
Soyez inventif !
Tissus :
Lionel Wathelet Rue du Ham, 63, Uccle
Contact uniquement par téléphone : 0475/375945
LIVRAISON
Les lundis, mercredis et vendredis
Uniquement : de 13h00 à 21h00
mardi et jeudi
Uniquement : de 18h00 à 21h00
Samedi : à convenir
MERCI DE NE PAS SONNER LA CLOCHE
Veuillez appeler avant votre arrivée pour récupérer les tissus sur le pas de la porte.
Et sinon, vieux draps, tee-shirts, torchons, c'est bon ! Si c'est tout ce que vous avez sous la main, à mon avis, il vaut mieux "être à moitié protégé que pas protégé du tout".
Allez, commençons ! Vous verrez, c'est facile et vous vous y ferez vite...
1. Votre rectangle est plat. Pliez-le en deux dans le sens de la largeur et appuyez sur le tissu pour marquer le milieu de chaque côté. Placez le début d'un mètre ruban à partir du milieu du tissu que vous avez marqué en le pliant en deux ; à la craie ou au crayon, tracez des traits de +- 5 mm de long à 2 cm de chaque bord :
4, 9, 10,5 et 13,5 cm. Le 4 ira sur le 9 : c'est votre premier pli ; le 10,5 sur le 13,5, c'est votre 2ème pli (voir photo 6).
2. Fixez les bandes élastiques au milieu du tissu à 1 cm du bord inférieur. Vous avez maintenant 2 "oreilles d'ours", à l'envers.
3. Pliez le tissu en deux, avec vos élastiques à l'intérieur.
4. Commencez à coudre un peu à droite du milieu de la partie ouverte, de façon à avoir une ouverture pour retourner votre ouvrage. Cousez jusqu'au premier coin, puis continuez jusqu'au deuxième coin, côté pli du tissu. Comme l'élastique est plus petit que la longueur du tissu, vous vous arrêtez au milieu de cette longueur de côté pour remettre la deuxième partie de votre ouvrage à plat (le tissu va plisser le tissu, pas de contrainte).
5. Vous retournez la (jolie) bête
6. Placez les plis en vous référant aux lignes de craie et en les tenant avec des épingles. Idem pour l'ouverture au milieu, en bas. Pour les expérimentés, vous n'avez pas besoin de mettre les épingles, un peu de pratique et le tour est joué.
7. Vous choisissez à partir du pli du tissu
8. Vous tournez votre travail et continuez
9. 2 minutes 30 plus tard (pour les pros et un peu de pratique), vous avez votre arme anti-Covid 19...
Sur la photo 9, je ferme l'ouverture du milieu. Vous pouvez le laisser ouvert pour y mettre un filtre. C'est un peu un système rock and roll puisque rien n'est couvert, je l'avoue. Mais rien ne vous empêche de surjeter le tissu de ce côté avant de commencer à coudre.
Si vous avez le temps, il y a beaucoup plus de modèles finis et jolis. Mais comme je n'ai pas beaucoup de temps, et parce qu'on n'est pas dans un concours de beauté, j'ai opté pour une finition brute mais ça marche.
Celles-ci sont de mon amie Aude de Wolf, de la marque The Wolf : elles tuent bien sûr !
Mais encore une fois... Nous sommes sur une période différente...
Quel type de filtre ? La réponse, toujours dans l' article de Couture et Paillette .
En cours... J'ai les rushs... Si quelqu'un se propose de faire le montage... Je ne peux plus le suivre :-)
Lorsque vous mettez votre masque, n'y touchez plus ; sinon, vous risquez de le contaminer à nouveau (je sens monter la tension des hypocondriaques à la lecture de ce post... Oui, ça le fait...).
Lorsque vous souhaitez l'enlever, lavez-vous les mains bien avant : même logique de non-contamination... ; mettez votre masque dans un petit sac et lavez-le.
En machine à laver, à 60°, avec un peu de savon. Comme moi, on ne se lave pas à 60° tous les jours ! Voici un secret de sorcière... :
Vous êtes prêt à embrasser un prince ou une princesse. De loin...
C'est toujours pas clair ?! Envoyez-moi un email (natacha@natachacadonici.com) et je vous enverrai un tutto vocal avec ma voix douce et fatiguée.
S'il vous plaît : ne me submergez pas avec 1 000 questions. Je n'ai pas beaucoup de temps : entrepreneuse, maman solo et poseuse de masque, ça m'occupe. Merci!
ps : une photo de vos masques c'est toujours sympa : postez la sur FB #sewfreemasks en me taguant (@natachacadonici) ou sur Instagram avec le même #sewfreemasks ou #natachacadonici, toujours en me taguant (@natachacadonici). De cette façon, je recevrai une notification à chaque publication. Hâte de voir vos bals masqués !
Ni quelqu'un avec une machine autour?
Vous êtes perdu au milieu de nulle part ?
Et vous êtes hypocondriaque ?! (et peut-être avez-vous raison pour une fois !)
Voici un tuto pour fabriquer vos propres masques en papier (à jeter après chaque utilisation).
Je ne suis pas (encore !) spécialiste en la matière mais ma tante Nella qui habite à Milan (dans l'oeil du cyclone il y a peu...), a vu pas mal de tutos masques. Elle a recommandé le papier que nous utilisons pour le four.
Postez votre demande sur le mur #seewfreesmasks : nous sommes bénévoles pour ceux qui sont en première ligne. Inclure les informations suivantes : pour qui ? Combien (soyons raisonnables...) ? Où travaillons-nous ?
Les bénévoles qui ont repris la gestion du groupe vous répondront si des couturières ont du stock ou de la disponibilité pour coudre. N'hésitez pas à lire les derniers messages. Nous avons tous le nez à la meule et pas souvent sur nos écrans pour vous mettre en contact, les donateurs et les candidats... C'est le meilleur moyen de faire un bon "match". (Qui aura sûrement plus de chances de réussir que les sites de rencontre... D'ailleurs, par les temps qui courent...)
B.Pour vous
Oui, il faut aussi penser à ses fesses ! Et par le fait même, les mégots de vos voisins en vous protégeant.
Alors : vous m'envoyez un mail (natacha@natachacadonici.com) avec votre demande :
Et je vous envoie les infos pratiques :
Ne vous inquiétez pas, tout sera expliqué dans mon mail et nous verrons si je peux vous aider ou vous orienter vers les bonnes personnes.
Attention : je suis une bonne fée mais pas une magicienne. J'essaie mais je ne garantis rien. J'ai aussi une vie privée et professionnelle. Restons courtois et respectueux.
Méga bisous masqués et gros câlin confiné,
Natacha
Comme j'aime autant écrire que créer des vêtements, j'ai décidé de vous proposer, si possible une fois par mois, un article de BLOG (mon nouveau joujou !) pour vous faire découvrir les coulisses de mon travail, mes inspirations, mes aspirations, mes affronts, mes histoires, mon Histoire.
N'hésitez pas à me faire des retours sur cet aspect de mon travail aussi : c'est une autre façon d'être en contact avec moi, c'est toujours intéressant d'avoir vos retours et il n'y a aucun doute là-dessus : ça me MOTIVE !
Alors rentrons dans le vif du sujet et commençons par le début : comment la fille d'un cordonnier italien et d'un professeur de français mi-belge mi-russe est-elle devenue styliste et entrepreneuse ? Rien sur cette photo ne la laisse présager...
Mais sur celui-ci, comme le dit ma mère, on sent déjà le côté coquet de la petite fille en moi : la main levée comme une princesse, la mini-robe graphique mais surtout l'air décidé...
Alors, d'abord, il y a mon père, un Italien, bon vivant, extrême, joyeux. Il a toujours été artisan. De souffleur de verre à cordonnier, je l'ai toujours connu avec des clients, du cuir, une passion pour le beau, pour le noble, attelé à sa machine à coudre, implacable et un amour inconditionnel pour sa garde-robe très stylée.
Deuxièmement, la passion de ma mère pour la littérature : je m'en suis inspirée dans toutes mes communications. Souvent, quand j'écris, j'entends ma mère parler.
De plus, le plaisir que je ressens avec ma machine à coudre me rappelle le plaisir que ma mère éprouvait à taper sur sa propre machine à écrire.
C'est toujours ma mère qui, même si notre famille avait des moyens limités, s'autorisait le plaisir de faire coudre des robes qu'elle avait elle-même dessinées, chez une couturière locale. Une vraie madeleine de Proust, ces moments entre femmes, de joie et de créativité.
Voici mes parents : ma mère belgo-russe, intellectuelle, réservée, spirituelle et passée, mon père, italien, joyeux, délirant, impulsif, extraverti. Je suis le doux mélange de ce chaud-froid...
Mes arrière-grands-parents de Russie étaient également dans les tissus : ils étaient éleveurs de moutons Astrakhan en Russie ! J'ai hérité du tiers d'un de ces manteaux ; mais c'est une autre histoire, pour un autre article peut-être...
Que dire de ma tante milanaise, la sœur de mon père. Née dans un village italien très pauvre, Nella a très vite dû travailler, à l'âge de douze ans, pour subvenir aux besoins de ses nombreux frères et sœurs. Elle a commencé comme coiffeuse et après quelques années, grâce à sa volonté inébranlable, elle a fini par ouvrir le salon de beauté le plus en vue de Milan ! Quand j'y allais enfant, j'étais fascinée par ce monde peuplé exclusivement de femmes qui prenaient soin d'elles, se chouchoutaient et, surtout, étaient d'une beauté et d'une élégance rares à mes yeux. Ma tante a eu un impact majeur sur ma vie. J'y reviendrai également dans un autre article tant il y a à dire...
J'ai mis du temps à trouver ma voie....
Tout d'abord, j'ai réussi mon baccalauréat en 3 ans en tant qu'assistante de direction avec grande distinction. Cependant, ma première année de travail s'est un peu moins distinguée par la qualité déplorable de mon travail, qui correspondait à mon profond ennui avec ce mode de vie. Mon besoin de créativité était étouffé et je me souviens à quel point c'était effrayant de m'imaginer coincée, à vie, dans un travail administratif qui ne me convenait pas du tout.
Lors de mon énième voyage aux îles Canaries pour m'évader du non-sens de mon existence, je me suis rendu compte que la fuite effrénée de mon être en vacances ne m'apporterait jamais la joie que j'avais connue enfant. La joie d'avoir un sens à ma vie. J'ai décidé de retourner à l'école pour, espérons-le, trouver un métier qui aurait du sens pour moi.
Pensant à la joie d'enseigner de ma mère, mon amour pour la littérature, ma facilité avec la langue française, mon excellente orthographe acquise au fil des dictées quotidiennes (Oh mon Dieu...), j'ai décidé de secouer la torpeur de cette première année professionnelle soporifique en me lancer dans l'étude de la philologie romane (lettres françaises) à l'Université Libre de Bruxelles.
J'ai vécu ce moment comme une véritable libération : la liberté de pensée des professeurs, l'intérêt que je ressentais pour les matières que j'étudiais, les rencontres passionnantes avec d'autres jeunes passionnés, intéressants, drôles, brillants et ambitieux m'ont conquis.
Les premières semaines, je me pinçais, à tel point que je me suis rendu compte de la chance que j'avais d'avoir une mère et une grand-mère qui m'ont soutenu, tant moralement que financièrement, dans ma détermination à imprimer ma propre empreinte sur cette terre et ma détermination à Soyez heureux.